En moyenne, le nombre de femmes âgées de 18 à 75 ans, qui au cours d’une année sont victimes de viols et/ou de tentatives de viol, est estimé à 94 000 femmes. Seulement 19% de ces victimes déclarent avoir déposé une plainte auprès des autorités à la suite de ces violences. Les différentes formes de violences sexistes et sexuelles sont les violences au sein du couple, les violences sexuelles, les harcèlements, les outrages sexistes, les mutilations sexuelles féminines, le système prostitutionnel…

Le Conseil National de l’Ordre des masseur-kinésithérapeutes a mené une enquête « les kinésithérapeutes face aux violences faites aux femmes », en novembre 2020. 9 répondants sur 10 se disent insuffisamment formés sur ce sujet.

Plusieurs organismes tels que l’Assurance Maladie, la Haute Autorité de santé, l’Ordre des masseur-kinésithérapeutes…encouragent pourtant l’engagement des professionnels de santé. Leur implication permet de favoriser le repérage des femmes victimes de violences au sein du couple et facilite la coordination entre professionnels concernés.

Pour cela, les masseur-kinésithérapeutes peuvent mettre des affiches et des brochures à disposition des patientes dans la salle d’attente. Ils essayent de les questionner systématiquement, même en l’absence de signe d’alerte (un repérage précoce est primordial car les faits de violences s’aggravent et s’accélèrent avec le temps). La violence au sein du couple concerne tous les âges de la vie et tous les milieux sociaux  et culturels. Ils doivent y penser particulièrement en contexte de grossesse et de  post-partum en adoptant une attitude empathique et bienveillante sans porter de jugement. Ils prennent aussi en considération l’impact sur les enfants du foyer pour les protéger car toute situation de violence au sein du couple constitue une situation de maltraitance pour les enfants qui y sont exposés. Ils expliquent, par ailleurs, les spécificités des violences au sein du couple pour déculpabiliser la patiente et l’aider à agir. Enfin, ils évaluent les signes de gravité et si besoin ils mettent en place des mesures de protection. Le cas échéant, les masseurs-kinésithérapeutes font un signalement avec l’accord de la victime, porter à la connaissance du procureur de la République les sévices ou privations constatés, sans nommer l’auteur des faits. Mais cet accord n’est pas nécessaire si la victime est un mineur ou une personne vulnérable. Le Conseil National met à disposition un modèle de certificat que peut livrer le professionnel en cas de violences faites sur une personne majeure:

Lutte contre les violences faites aux femmes – Ordre des masseurs-kinésithérapeutes (ordremk.fr)

Les kinésithérapeutes informent et orientent la victime en fonction de la situation (la victime doit savoir qu’elle est en droit de déposer plainte, les faits de violence sont interdits et punis par la loi et qu’il existe des structures associatives, judiciaires et sanitaires qui pourront l’aider). Les masseur-kinésithérapeutes peuvent s’entourer d’un réseau multiprofessionnel.

L’HAS met à disposition des praticiens de santé une fiche pratique sur comment repérer et évaluer et une autre fiche sur comment agir.

https://www.has-sante.fr/jcms/p_3104867/fr/reperage-des-femmes-victimes-de-violences-au-sein-du-couple

Marion Delcourt-Joly